plus une / plus un

Le soir du même jour, passage au labo. Dans une humeur cotonneuse, qui a survolé toute le reste de la journée. Le petit coton sur le bras a volé depuis longtemps. Je ne vois même plus la trace du trou de l'aiguille. Cette prise de sang n'a peut-être jamais eu lieu. Pas eu mal. Pas de résultat à récupérer. Pas de mauvais résultat, donc. Une autre fille à l'accueil. 18h45. Elle est lasse. Elle se lève, remue une première pile d'enveloppe. Une deuxième. Elle revient s'asseoir. Tape un truc au clavier. Ne me regarde pas. Se lève. File vers la porte du labo blanc. Lance la main vers un truc. C'est pas encore le bon papier. Appelle une collègue. Elles chuchotent. J'entends pas ce qu'elles disent. J'ai mal aux tempes. Mes yeux voient gris. Coup de chaud. Putain. Les pieds collés au sol. Je me vois avancer vers la porte entrebaillée. Les saisir aux poignets en gueulant : "Putain qu'est-ce qui se passe !". Evidemment je bouge pas. Juste un petit "S'il vous plaît, dites-moi, y'a un problème..." Une voix que je ne me connaissais pas. Pas moi. Elles ne bougent pas, ne répondent pas. Pas tout de suite. Le papier, elles l'ont trouvé. La fille revient à sa place. Vers le comptoir, vers moi. "Ne vous inquiétez pas. Vos examens sont bons". Un début de sourire, comme une politesse convenue. Elle se rassoit. Je peux y aller. Pâle. cinq minutes dans la voiture. Lourd, lourd, lourd. Envie de RIEN

c'était un matin, assez tôt. Pour voir le doc en vue de faire les examens nécessaires. Pas la peine de se lancer dans cette affaire (on imagine que ça pourrait remuer pas mal...) si le corps n'est pas en mesure de faire le boulot. Donc déjà éliminer les questions qui tuent : le test du sida, l'hépatite C. Ca, je savais; le doc rajoute une "numération" (j'ai demandé ce que voulaient dire les petites lettres, sur l'ordonnance). Et puis un rendez-vous pour un spermogramme, d'ici un mois. Evidemment, la prise de sang c'est les boules. L'impression - conne, mais que faire !- que d'aller passer un test implique que la réponse (positive) est forcément dans la question. Logique imparable : si je suis sûr de ne pas avoir ce truc, j'ai pas besoin de faire le test. Fûté évidemment, surtout pour se mettre tout seul dans le sac. Le conseil était bon : fallait pas traîner, saisir l'occasion (un labo d'analyse au rez-de chaussée) : trois minutes après avoir quitté le doc, c'est le comptoir du labo. La secrétaire qui imprime en silence une feuille d'étiquettes qu'elle glisse dans une fente du mur, vers les salles "secrètes" aux murs blancs, parfum javel 100%. Un moment hors de tout avec magazine vieux de six mois dans les mains, puis l'appel. Le fauteuil gris style dentiste. Les lamelles blanches du store qui laissent la rue passer. Mon bras serré dans l'élastique. "Serrez le poing". L'envie de gueuler et de foutre le camp. La sueur dans le dos. Trop con. Evidemment je bouge pas. Pas moyen de poser les yeux sur l'aiguille. Je la sens même pas. Deus petits tubes remplis de rouge noir, avec leur étiquette pleine de barres. Mon nom dessus. Les résultats ce soir.

Désir d'enfant : voilà. C'est la formule qu'a donnée le médecin. Quand il y a désir d'enfant, il peut y avoir enfant(s). Petites conditions, évidemment. Autour du dialogue (que celui qui partage ma vie approuve l'idée et accompagne le projet...) Autour du partage (qu'il existe une fille avec aussi ce désir-là..., et que l'amie de cette fille approuve l'idée et accompagne le projet) Autour du possible (que le corps soit capable...) Aujourd'hui, tout est possible. Ce blog peut exister. C'est l'histoire de cette histoire : objectif plus une / plus un.